Depuis 1991 qu'il est le responsable de la fiction sur la Sept-Arte, Pierre Chevalier s'amuse comme un fou. «Je me suis installé à la télé un peu comme un voleur, dit-il. Pour faire des casses sur la littérature, sur le cinéma, sur le réel, et inventer des objets non recyclés.» Transfuge du Centre national des lettres, puis du Centre national de la cinématographie (CNC), Pierre Chevalier a quelques atouts pour se glisser dans les trous de la grille télévisuelle et soutenir ce qu'il appelle des «actes» de création. «Si la télévision est bien sûr à 90% un instrument de régulation, j'ai trouvé dans les 10% rebelles un espace de liberté pour de jeunes créateurs perdus entre le cinéma d'auteur et les grosses productions.» Il lance donc dès fin 1991 quelques projets de films, Lettre pour L... de Romain Goupil, la Vie de Marianne de Benoît Jacquot, la pétillante collection de films, Tous les garçons et les filles et ce petit dernier, L'âge des possibles (lire aussi la page télévision de Libération du 3 mai). Entre autres. Une politique osée (sans concession particulière aux devoirs d'audience) et éclectique (mais raffinée).
Cette place singulière d'agitateur cinématographique n'est peut-être pas celle dont il rêvait sur le banc du collège Sainte-Marie de Lyon. Une propédeutique de lettres classiques, un certificat de philosophie post-kantienne, un mémoire de maîtrise sur la notion de simulacre chez Nietzsche, un autre sur la notion de pouvoir chez Machiavel... ne sont pas les étapes