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Libération

L'école cathodique

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publié le 7 juin 1996 à 7h13

Quarante kilomètres séparent Saverne, 10.000 habitants, de Strasbourg. Entre les deux, la visioconférence. Quand une poignée de lycéens de Saverne veut apprendre le japonais, pas de problème: le prof parle à la caméra. Académie pilote, l'Alsace multiplie les expériences en matière de nouvelles technologies de l'information.

Chaque semaine, ils débarquent à heure fixe dans la salle de visioconférence. Allument l'écran de télévision, branchent les micros, saluent le professeur Kodama. Et le cours de japonais à distance commence. Quarante kilomètres séparent les six élèves du lycée Leclerc de Saverne (Bas-Rhin) et le professeur du lycée Jean-Monnet de Strasbourg. «Mais quand on regarde l'écran, on voit monsieur Kodama tout près.» Lobsang, élève brillant de terminale S du lycée de Saverne, ne paraît ni enthousiaste ni blasé. A peine un an de pratique et le fait lui semble tout naturel. Etonné presque qu'on puisse lui poser les questions traditionnelles sur le contact, la proximité, et toutes ces choses qui effraient tant le corps professoral quand on évoque le télé-enseignement. Et c'est comme si cet écran, ce cadre, enfermait au contraire le maître dans une relation plus familière, plus intime. «Nous-mêmes, nous pouvons interagir sur lui. Zoomer sur ses lèvres quand il prononce un mot compliqué. On a une action sur le prof. On peut le recadrer.» Allez tenter d'en faire autant dans une salle de cours traditionnelle" Mais les élèves n'en abusent pas: «D'ailleurs, il le saurait. De