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Libération
Analyse

Sidaction, télé et provoc

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publié le 24 juin 1996 à 6h33

Le moins qu'on puisse dire dans ce qui désormais prend les allures d'une affaire Sidaction, c'est que l'intelligence n'a pas été mise à l'honneur. Aussi bien à chaud, au cours de la retransmission télévisée, qu'à froid depuis que les chiffres le répètent avec entêtement: le montant des dons en faveur de la recherche et de la lutte contre le sida atteindrait péniblement le quart des dons enregistrés il y a deux ans à l'occasion du premier Sidaction (soit environ 75 millions de francs contre 300 millions). Par ailleurs, l'institut Médiamétrie communique que 5,5 millions de téléspectateurs ont regardé l'émission contre 10,3 millions il y a deux ans. De là à conclure au flop, la tentation, entre autres, journalistique, est grande.

Or la confusion statistique de ces deux chiffres est le premier symptôme d'une confusion mentale de plus grande envergure. D'un point de vue strictement comptable, 75 millions de francs, c'est moins, mais ça n'est quand même pas de la gnognotte. Dans le même registre, les 5,5 millions de téléspectateurs représentent un score qu'envierait n'importe quelle chaîne de télévision sur un sujet, le sida, réputé austère. Ce qui importe dans les règlements de comptes calamiteux qu'on voit fleurir ici et là sur «l'échec» du Sidaction, c'est l'amalgame généralement fait entre le sida, sa réduction en charity business et l'indice d'écoute de la soirée du 6 juin. Le sida serait-il soudain moins important et crucial dans la société française parce qu'il aurait été mo