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Libération

Trous de mémoire à la Mosquée de Paris

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Inaugurée il y a 70 ans, elle n'a pu résister aux conflits d'intérêt franco-algériens.
publié le 16 juillet 1996 à 7h36

Ce jour-là, la rue Geoffroy-Saint-Hilaire était le centre du monde musulman. Le 16 juillet 1926,plusieurs centaines de princes et dignitaires égyptiens, malais, africains, afghans, maghrébins" venaient inaugurer la plus importante et première mosquée d'Europe. A leur tête, le président de la République, Gaston Doumergue, et le sultan du Maroc, Moulay Youssef. Derrière eux, un homme, qui avait porté à bout de bras ce projet de 7.500 m2 à côté du jardin des Plantes, comprenant un minaret, une salle de prière, une autre pour les conférences, une maison d'hôtes, des logements, une bibliothèque, un hammam et un café. Sid Kaddour Benghabrit était Marocain, et homme de confiance des Français. A l'époque, sa double expérience de directeur de protocole du sultan de son pays et consul général de France à Tanger le désignait comme le plus apte à réaliser l'ambition de la France coloniale: devenir une «puissance musulmane», projet défendu en première ligne par le maréchal Lyautey, qui entendait honorer les 100.000 combattants musulmans morts dans les tranchées de 14-18.

Dans l'histoire de l'islam de France, Sid Kaddour Benghabrit a pourtant été oublié. Ce 16 juillet 1996, à la Mosquée de Paris, il n'y aura pas de réception. L'occupant actuel, Dalil Boubakeur, a préféré fêter un autre anniversaire: celui de 1992, pour les 70 ans du premier coup de pioche en 1922, qui cadre avec l'attribution d'une subvention de l'ex-maire de Paris, Jacques Chirac. Si la Mosquée a une mémoire constituée d'