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Libération

Le repos du gréviste

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Eté 1936 : Soixante ans après, retour sur les lieux des premiers congés payés (9). La Baule,la «plage des rois», voit s'aventurer les ouvriers, après 40 jours de conflit aux chantiers de la Loire.
publié le 14 août 1996 à 9h37

Ma blonde entends-tu dans la ville

Siffler les fabriques et les trains?

Allons au-devant de la bise, Allons au-devant du matin Debout ma blonde, chantons au vent, Debout, Amis!

Il va vers le soleil levant Notre pays.

Ils sifflotent tous cette chanson-là. Marcelle, 10 ans, et ses parents, Henri et Marie, partis de Couëron à bicyclette pour rejoindre la mer à Saint-Brévin. Paul Malnoé, 17 ans, et son copain, à vélo eux aussi pour un tour de la Brière, petite Camargue locale. Chez leur boulanger, la coche est pleine: ce petit bâton de bois où, trait après trait, s'inscrivent les dettes, en dit long sur les pénuries de la grande grève. Certains sans le sou n'ont pas bougé, d'autres sont partis tout de même. Tandis que les filles riches de La Baule concourent pour le plus beau mollet, les ouvriers et leurs enfants pédalent.

Paul n'a que six jours devant lui. Et quarante jours de grève derrière. Aux chantiers de la Loire, à Penhoët-Saint-Nazaire, où il est chaudronnier, il a fallu batailler dur. Les patrons ne voulaient pas de ces accords de Matignon qui faisaient la vie belle à leurs ouvriers. Du 26 juin au 3 août, c'est la grève, l'occupation de l'usine. Paul collecte les cartes pour le syndicat. Le 3, un accord est arraché. Mais les patrons ne paieront que six jours de congés quand toute la France s'en découvre douze. Alors Paul s'en va avec son copain. Il fait très chaud. C'est un beau matin sans grève et sans marron, ce petit pion de bois que l'on prend à l'arrivée aux chantiers e