Menu
Libération
Interview

Le Roy Ladurie: Georges Duby «Une douceur méditerranéenne».

Article réservé aux abonnés
Historien, ancien directeur de la Biblitohèque nationale.
publié le 4 décembre 1996 à 3h35

«Avant de rencontrer Georges Duby, mon aîné de dix ans, j’avais lu sa thèse sur la vie rurale dans le Mâconnais, puis son gros ouvrage sur l’Economie rurale et la vie dans les campagnes dans l’Occident médiéval. J’avais été frappé par l’étendue de ses connaissances européennes, notamment anglaises et allemandes. La première fois que l’ai vu, c’était au début des années 60, en compagnie d’André Miquel, à Aix-en-Provence. Ce fut un moment très agréable, d’une douceur toute méditerranéenne. Je l’ai ensuite revu régulièrement. Et c’est sur sa proposition que j’ai été élu au Collège de France. Ses ouvrages les plus déterminants pour moi ont été l’An mil, son étude, inspirée des théories de Dumézil, sur les Trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme, et surtout le Dimanche de Bouvines, qui était la réhabilitation d’une certaine vision de l’événement dans l’histoire: le retour de l’événement, comme l’a dit Pierre Nora. Nous avons eu par la suite l’occasion de collaborer à plusieurs gros projets, comme celui d’une Histoire de France. C’est en se jetant dans la mer que les fleuves restent le plus fidèles à leur source, dit-on. Les Annales se sont écartées du tronc central de l’historiographie et aujourd’hui on revient peu à peu vers ce qui constitue l’axe central de l’histoire, l’événement dans toutes ses dimensions.

Très introduit dans les milieux politiques et médiatiques, en meilleurs termes avec les grands de ce monde, Georges Duby a eu l'intelligence de mettre l'histoire médiéval