Il ne faut jamais désespérer des citoyens. La révolte contre l'injustice couve toujours sous la torpeur apparente. Déjà, en août, les vacances de nos gouvernants avaient été troublées par la lutte des sans-papiers, et le coup de hache dans la porte de Saint-Bernard avait jeté dans la rue des milliers de manifestants. Avant la trêve des confiseurs, le projet de loi de M. Debré renforçant les lois Pasqua, sous couvert de quelques aménagements techniques nécessaires, avait été musclé par une Assemblée nationale clairsemée. Associations, militants s'époumonaient, organisaient d'étiques manifestations; ce n'était là qu'une braise rougeoyante qui maintenait le feu de la résistance. Tout d'un coup, tout s'est embrasé. Il a suffi d'une condamnation insupportable (1), d'une victoire annoncée du Front national à Vitrolles et du geste fort qu'ont su populariser des cinéastes: leur résistance à la force injuste de la loi par l'appel à la désobéissance.
Les propos méprisants de M. Raoult et la vertueuse indignation de M. Juppé n'y changeront rien. Certes, comme le dit ce dernier, l'appel à la désobéissance est un acte grave, mais il est approprié à une situation grave. Il ne mine pas l'Etat de droit et la démocratie, comme le prétend le Premier ministre. Bien au contraire, il les revivifie. Car l'Etat de droit, c'est d'abord l'état des droits. Et la démocratie, c'est d'abord les droits des citoyens dont fait partie la résistance à l'oppression, ce «droit naturel et imprescriptible», qui e