Juppé s'efface. Mais avec le geste. Il est 17 heures quand débute
hier avenue Georges-V la réunion du comité politique de la majorité. Ils sont tous là, à l'exception de Philippe Séguin. Pour une fois, les caméras sont autorisées. Emu, le Premier ministre prend la parole: «Il faut une équipe nouvelle, animée par un nouveau Premier ministre». Sacrifice consenti. Sacrifice annoncé. Tous les ténors RPR et UDF, déjà au courant, attendent que la presse quitte la salle pour l'applaudir. François Léotard a été le premier à réagir, à faire part de son «admiration»: «Ta décision t'honore. Je t'assure de la loyauté de l'UDF.» Mais il y en a d'autres qui ne perdent pas le nord. Sous le regard ulcéré d'Edouard Balladur, François Bayrou pense déjà au service après-vente: «Il faut faire une utilisation affective de la déclaration que tu viens de faire.» Malaise.
Le retrait d'Alain Juppé était prévisible. L'hypothèse a été évoquée dès dimanche soir juste avant le comité politique au QG de campagne à Matignon lors d'un entretien à l'Elysée entre le chef de l'Etat et son Premier ministre. Hier matin, les deux hommes en ont reparlé au téléphone. Mais pas question de l'annoncer avant le soir. «Si le seul obstacle à la modernisation et à la rénovation de la France est un choix de personne, je suis tout à fait convaincu que le président de la République saura faire le bon choix», s'est contenté le matin de déclarer le maire de Bordeaux avant de quitter sa ville. De retour à Paris, il a été une nou