Le 12 mai, Le Pen tape du poing sur la table et lâche le morceau: «Je préfère une Assemblée de gauche à une Assemblée de droite (...) Et s'il y a quelqu'un qui conduit la campagne des élections législatives, c'est bien moi!», clame-t-il sur Europe 1. En officialisant sa «stratégie du pire», le leader d'extrême-droite joue sa dernière carte pour rester dans une course législative à laquelle il ne participe pas lui-même. «Le mouvement lui échappe, il ne peut plus que pratiquer la politique de la terre brûlée...», analyse alors un membre du FN. La mainmise de Bruno Mégret sur l'appareil s'est affermie depuis sa victoire municipale, par procuration conjugale interposée, à Vitrolles en février et au Congrès de Strasbourg, qui a suivi fin mars. Sa contre-attaque va démontrer à Le Pen que les temps ont changé.
«Arnaqueur!» Dès le soir du 21 avril, le président du FN a flairé le danger. Planté devant son poste de télé au siège du parti à Saint-Cloud, Le Pen fulmine en regardant Jacques Chirac annoncer la dissolution: «Quel escroc! Ce type est un arnaqueur!» Le FN se préparait pour une campagne longue sur fond d'échéances européennes délicates, le voilà pris de vitesse. Pis, lui-même ne sait toujours pas où concourir. Depuis le début de l'année, lors de trois réunions du bureau politique, le leader d'extrême-droite a pourtant averti ses lieutenants qu'il «sentait un parfum d'élections anticipées». «Mais personne n'a cru son flair, on pensait qu'il voulait simplement m