Macate avait failli renoncer. Ne pas accepter cette invitation de dernière minute. Sur Nouméa, où l'on se couche tôt, la nuit était déjà trop avancée. C'est ainsi, de manière banale, lors d'un dîner partagé avec des amis communs que Macate rencontrera Claudine. «Il avait un petit gilet bleu.» De cette soirée, Claudine a cristallisé quelques fragments. Ils ont la douceur des galets de rivière, polis par une mémoire amoureuse qui revient à la source de la première rencontre. Le point d'ancrage d'un désir. Avant que tout commence, Claudine est déjà une amante foudroyée. «Je ne sais plus de quoi nous avons discuté, mais j'étais sous le charme. Je me suis dit que je ferai tout pour le revoir.» Claudine a 40 ans, une fille de 16 ans, et cette habitude de ne jamais capituler. De ce prologue, Macate n'a rien vu, rien déchiffré. Pour le rencontrer à nouveau, Claudine invente des prétextes et l'attend sur sa route. «J'ai fait tous les premiers pas.» Si Claudine s'enflamme, Macate reste prudent. Il porte le poids d'un divorce qui, en milieu mélanésien, fait de lui un coupable. «Et puis, il y avait ce vieux complexe, je n'arrivais pas à croire qu'une Européenne puisse être amoureuse de moi.» Doucement, il vient à cet amour que Claudine ne veut pas vivre en clandestine, en dépit du regard des autres qui clament que sur cette île le racisme n'existe pas, mais qui sans même le savoir le pratiquent tous les jours. Les autres qui jugent et condamnent. Les parents de Claudine sont fermes
Portrait
Duos intimes (3). Roméo kanak et Juliette caldoche.
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par Florence DECAMP
publié le 20 août 1997 à 7h17
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