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Libération

Itinéraire des trois porte-parole de Saint-Bernard.

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Le 23 août 1996, 1 500 policiers évacuaient 300 sans-papiers de l'église. Le débat sur l'immigration était relancé. «On a gagné, mais pas beaucoup»
publié le 23 août 1997 à 7h09

Madjiguène Cissé, Ababacar Diop, Doro Traoré. L'été 1996, ces trois-là ont fait connaître au monde le sort des sans-papiers. La jeune femme et les deux hommes étaient alors les porte-parole de Saint-Bernard, odyssée qui ne s'est pas achevée sous les haches éventrant, le 23 août 1996, les portes de l'église. D'évacuation en expulsion, de procès en manifestations, les Saint-Bernard ont continué à se battre et attendent aujourd'hui, inquiets, les régularisations promises par la gauche. Et leurs porte-parole tentent, chacun à leur manière, de poursuivre un combat qui n'est pas encore gagné.

Envolé le découragement. «Les sans-papiers persistent et jeûnent.»L'inscription, vieille d'un an, barre le T-shirt de Doro Traoré, au-dessus d'une photo, parue dans Libération, pendant l'occupation de l'église Saint-Bernard. Un an plus tard, au 32 de la rue du Faubourg Poissonnière, refuge parisien des sans-papiers depuis l'évacuation de l'église, les premières régularisations tombent chaque semaine. La tristesse et le découragement de cette longue année se sont envolés. Mais le désoeuvrement forcé englue les Saint-Bernard, dont la plupart ont abandonné leur travail l'an dernier pour entrer dans «la lutte», comme ils disent. Espoir, ennui, belote. Doro compte les points, bat les cartes. «La belote, c'est pour garder le moral. Vers 18 heures quand les soutiens arrivent, on arrête.» Doro Traoré, un réfugié politique mauritanien, est un porte-parole discret mais tenace. Moins con