La secrétaire de mairie s'est fait un petit pense-bête pour savoir où est passé son conseil municipal: Il y avait presque un enterrement toutes les heures, hier, à Blaye et dans les communes alentour, le long de la Gironde. La région portait en terre les victimes de l'explosion des silos à grain de la petite ville. Mercredi dernier, dix personnes avaient été tuées, ensevelies sous des tonnes de gravats et de grains. Il en manque une onzième, un pêcheur de crevettes, qu'on suppose avoir été projeté par le souffle de l'explosion dans le fleuve, et qu'on recherche toujours.

Il tombait des cordes, hier, quand l'hélicoptère de Lionel Jospin s'est posé près des silos. Le Premier ministre a jeté un oeil ­ de loin ­ sur les immenses tours fissurées et l'invraisemblable tas de poutrelles et de béton du port de Blaye. «Je suis venu quelques instants pour témoigner de la solidarité et de l'affliction du gouvernement, a déclaré Lionel Jospin. Je pense qu'il était souhaitable que je vienne aussi, pour vous faire part de notre peine et de notre solidarité.» Il a annoncé qu'il attendait les résultats de l'enquête administrative pour savoir s'il convenait de modifier la législation de ces installations et a fait part de son «admiration» pour «le courage et l'efficacité des sapeurs-pompiers, sur un site qui demeure terriblement dangereux».

L'Etat a d'ailleurs décidé hier matin de raser ces vieux silos, qui datent du tout début des années 70, alors que la législation draconienne sur les install