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Libération
Interview

Kofi Yamgnane, député PS, critique la philosophie du projet de loi. «La suspicion envers l'immigré demeure».

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publié le 8 octobre 1997 à 11h33
(mis à jour le 8 octobre 1997 à 11h33)

Ancien secrétaire d'Etat à l'Intégration des gouvernements Bérégovoy et Cresson, député PS du Finistère, Kofi Yamgnane, originaire du Togo, a été l'un des premiers socialistes à contester le refus du gouvernement d'abroger les lois Pasqua-Debré.

Comment jugez-vous les projets gouvernementaux sur l'immigration?

Je dirai d'abord que le projet Chevènement ne ressemble pas à la loi Debré, et je rappellerai aussi que, pour le moment, nous n'avons aucun texte définitif. Dans le projet, il y a beaucoup d'avancées, mais elles sont insuffisantes. La philosophie globale de ce texte demeure la suspicion envers l'immigré: visas refusés sans motif, allongement de la rétention administrative, regroupement familial conditionné à un logement et à des revenus. Demande-t-on aux Français qui souhaitent se marier où et comment ils vont vivre? Enfin, il manque dans ce texte une dimension européenne qui me paraît indispensable à l'heure où l'Europe se construit.

Pensez-vous que la gauche devait réécrire un texte sur l'immigration entièrement neuf, et abandonner l'ordonnance de 1945, qui a déjà été «replâtrée» vingt-cinq fois?

Bien sûr. Ce n'est pas parce que cette ordonnance a été écrite par des grands hommes qu'elle est sacrée. Elle date de plus de cinquante ans et qu'on ne vienne pas me dire qu'aujourd'hui, il n'y a personne capable d'écrire un texte qui corresponde aux enjeux de l'an 2000 et de l'ouverture de l'Europe. Il faudrait également lancer le débat sur la