Lionel Jospin n'est pas content. Mardi soir, il quitte le bureau
national du PS, auréolé comme Léon Blum pour avoir imposé les 35 heures. Il laisse le bureau national se poursuivre et décider du lieu du congrès socialiste en novembre. Lui n'a jamais caché sa préférence pour Paris, plus tranquille, que Brest en pleine agitation sociale. Il croit l'affaire réglée. Il l'a encore dit aux députés du Finistère rencontrés dans la journée: «Qu'un parti se fasse canarder, c'est dans l'ordre des choses, mais cette fois vous emmenez avec vous le gouvernement. Moi j'ai besoin de garanties.» François Cuillandre, député du Finistère, prépare alors un communiqué rageur qu'il compte bien diffuser une fois le choix de la capitale annoncé: il démissionnera de ses responsabilités de premier fédéral. Lorsqu'il ouvre la discussion au bureau national, François Hollande pense lui aussi que le congrès doit se dérouler à Paris. Il le dit. Ses discussions avec de nombreux élus l'inclinent à la prudence. Alors Bernard Poignant, maire de Quimper, se déchaîne: «Les socialistes ne sont pas des lâcheurs, vous ne pouvez pas lâcher une ville dans la difficulté qui a voté pour vous. Les socialistes ne sont pas des flambeurs, les préparatifs nous ont déjà coûté plus d'un million de francs.» Pierre Mauroy lui donne un coup de main: «J'ai fermé des mines mais je suis toujours allé voir les mineurs. Longtemps après, ils m'en ont remercié, et m'ont dit que si je n'étais pas venu ils n'auraient pas pu continuer