Moscou envoyée spéciale
La pompe russe est parfaite pour qui veut parfaire son image de présidentiable. Des rangs de soldats au garde-à-vous sous la chapka. Un tapis rouge à motifs. La Marseillaise. L'hymne russe. Un vice-ministre pour l'accolade officielle. La limousine prête à filer vers le Kremlin. Et Lionel Jospin... L'image a tout du rituel. Et pourtant quelque chose d'encore inhabituel. Aujourd'hui se termine le premier voyage officiel du Premier ministre à l'étranger. S'il avait déjà franchi les frontières dans ses nouveaux habits de la République, c'était toujours accompagné du chef de l'Etat pour des sommets européens. Seul, sous la neige moscovite, escorté de deux ministres (Hubert Védrine et Dominique Strauss-Kahn), de conseillers et d'un aréopage de patrons français, c'est comme si s'ajoutaient encore quelques galons sur son long manteau bleu marine. Première étape derrière les créneaux rouges du Kremlin. Boris Eltsine l'attend dans un salon d'apparat où trônent les bustes de Pierre le Grand, Alexandre II, Nicolas Ier et la grande Catherine. Pour Jacques Chirac, venu en septembre, le président russe avait envoyé une escorte volante. «Regarde, Bernadette!», s'était exclamé le chef de l'Etat, ravi, derrière le hublot de l'avion présidentiel. Puis il avait donné du «Boris Nikolaïevitch», ainsi qu'une grosse bise à son homologue. Changement de style avec Jospin. C'est un quasi-inconnu qui arrive et qui le dit. «Je vous connais beaucoup mieux que vous ne me connaiss