Georges Marchais est mort, et, pour certains socialistes, le PCF
avec lui. L'annonce du décès de l'ancien secrétaire général n'avait pas six heures que déjà des dirigeants du PS se prenaient à rêver d'une réunification des deux familles de la gauche française. Un congrès de Tours à l'envers, un retour à la «vieille maison» socialiste. Visionnaire dès 1920, Léon Blum, à la tribune de ce congrès, avait regardé partir la majorité de la SFIO vers le communisme: «Nous sommes convaincus, jusqu'au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l'aventure, il faut que quelqu'un reste garder la vieille maison.» De ravalement en ravalement, l'édifice socialiste a finalement bien mieux résisté aux attaques du temps. Le voilà prêt à réintégrer les frères ennemis égarés. «Il nous appartient aujourd'hui de réfléchir très sérieusement au dépassement des erreurs de ce siècle et à la réunification de la pensée socialiste et de l'action des forces progressistes», expliquait très sérieusement Henri Emmanuelli dès dimanche. L'ancien premier secrétaire du PS n'a pas été le seul à rêver ainsi à haute voix. Même Michel Rocard, qui a toujours regardé les communistes avec défiance, se découvrait des affinités: «Ce décès clôt une période d'une certaine façon et Robert Hue sait ce qui se passe. Le projet communiste n'a plus de sens ["] Nous sommes en train de gérer les séquelles historiques de traditions différentes, d'expériences différentes, d'analyses qui restent différentes dans une même pe