Brest, envoyés spéciaux.
Durant trois jours, ce fut, en fait, un gigantesque meeting. Alors, hier, en clôture du congrès socialiste de Brest, Lionel Jospin s'est lâché. Lui d'ordinaire si respectueux des bonnes manières protocolaires s'est ouvertement payé la tête de Jacques Chirac. Objet de la mise en garde publique, la première depuis six mois: l'attaque du chef de l'Etat contre la politique du gouvernement en plein sommet européen de Luxembourg. Trop c'est trop, a signifié Jospin, mettant les rieurs de son côté. Dans la bouche du Premier ministre, le président de la République n'était plus qu'«un haut responsable français», «l'autre tête de l'exécutif». Chirac a-t-il parlé d'«expérimentations hasardeuses» pour qualifier les emplois-jeunes et les 35 heures? Jospin a souri: «Il me souvient d'une expérimentation hasardeuse qui a débuté ["] à propos d'une dissolution. ["] Les expérimentateurs ne sont pas forcément là où on les croit.» Le Premier ministre avait d'abord pensé laisser la contre-attaque à François Hollande, son successeur à la tête du PS. Mais les socialistes n'attendaient que ça. Ils ont été servis et il a poursuivi la blague: «Certains pourraient se dire: ce Lionel, on nous l'a changé, il est empesé, engourdi, confit" ce qui est normal pour ma région.» Passer le relais. Non, il n'a pas changé. Il est toujours «modeste». Samedi, pour répondre à ceux qui parlent de jospinomania, il entre dans la salle du congrès par une porte dérobée et rejoint au pas de charge sa