Vingt-trois octobre, devant le commissariat central de Melun
(Seine-et-Marne). Act Up et la coordination nationale des sans-papiers manifestent. Dix jours auparavant, une avocate, Nicole Prévost-Bobillot, y a découvert un centre de rétention «clandestin». Elle se souvient de ces étrangers en situation irrégulière, trois Roumains, dans «une cage fermée, sans matelas, avec juste un banc». Pas d'interprète, pas d'avocat, pas de promenade, «un téléphone inaccessible». Sur le registre du commissariat, on peut lire les noms des 130 personnes qui sont passées là, de 1994 à 1997, dans cette cellule de garde à vue transformée en cellule de rétention. Les noms, mais aussi les observations. Les fréquents «pris 12 F pour c.c.» (casse-croûte), et les plus rares «a été téléphoné», «visite docteur», «visite de sa soeur», «alimenté par sa famille. Thermos + oeuf dur + orange».
A la préfecture de Seine-et-Marne, l'affaire passe mal. On assure que le régime du commissariat de Melun est «quasi identique» à celui de la trentaine de «véritables» centres de rétention recensés en France, «sauf pour la promenade, pour des raisons pratiques et de sécurité». Que les communications y sont libres, et les délais de rétention «courts». Qu'on ne demande de l'argent pour la nourriture qu'aux retenus qui en ont: «Si la personne n'en a pas, on la nourrit gratuitement.» Mais surtout, on s'étonne de la colère autour du poste de police de Melun: ce qui s'y déroule «se passe dans tous les commissariats de France».