«Inquiet de voir l'intolérance gagner des voix dans notre pays»,
Lionel Jospin a choisi le ton de la franche polémique pour raviver l'atmosphère légèrement compassée de l'annuel dîner de gala du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). Anticipant l'attitude des formations politiques à l'occasion du prochain scrutin des régionales, le Premier ministre a clairement dénoncé, samedi soir, les tropismes d'une opposition qui envisagerait de baisser la garde face au Front national: «A l'opposition, il revient de ne pas succomber à la tentation mortelle d'alliances électorales perverses qui ruineraient son projet politique et la compromettraient irrémédiablement.» Le lexique est emprunté au registre religieux, comme pour mieux souligner le caractère diabolique de toute initiative dans ce sens" Devoirs. Mais dans une soirée fleurant bon l'oecuménisme en présence des ambassadeurs, du show-biz, du Grand Rabbin de France Joseph Sitruk, du cardinal Lustiger et de Jean Tartier, président de l'Eglise réformée Lionel Jospin s'est gardé de passer pour un homme de parti. Et s'il a bel et bien accordé un satisfecit à son gouvernement pour ses actions dans la lutte contre le FN «dans le combat contre l'extrême droite, le gouvernement a pris ses responsabilités» , le Premier ministre n'a toutefois pas hésité à mettre en garde sa propre famille politique: «A la majorité incombe le devoir de ne jouer en rien avec les thèmes qui nourrissent l'extrémisme. Croyez que j'y