Le revirement a été brutal et inattendu. Et le débat sur la nationalité a tourné court. Alors que l'Assemblée semblait partie pour deux nouvelles journées de débats, les députés ont achevé samedi au petit matin, et au pas de charge, l'examen du projet de loi d'Elisabeth Guigou, enquillant vingt articles en moins de cinq heures. Comme prévu, le texte permet à tout jeune étranger né en France de parents étrangers d'obtenir de plein droit la nationalité française à l'âge de 18 ans, sous condition de résidence, et dès 13 ans s'il le demande.
Retournements de situation et alliances imprévisibles ont été au menu de ces quelque quarante heures de débats, dont de nombreux députés sont sortis frustrés. Emaillées par des incidents de procédure, ponctuées par d'incessantes suspensions de séance, les trois premières journées de discussions se sont déroulées dans une atmosphère électrique, laissant peu de place au débat de fond. On attendait un clivage droite-gauche sur le droit du sol et le droit du sang; l'hémicycle s'est enlisé dans une guérilla de procédure, la droite maniant l'obstruction, le gouvernement trop facilement tenté par la polémique, la majorité trop faible en nombre pour être sûre d'elle, pas très pugnace. Règlements de comptes. Vendredi soir, lorsque la séance de nuit commence, l'examen du premier article, qui dure déjà depuis plus de huit heures, n'est toujours pas achevé. Dans les couloirs, les députés supputent les chances de voir le gouvernement utiliser la procédur