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Libération

Loi sur l'immigration. Chevènement sort le grand jeu.

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Le ministre de l'Intérieur a choisi la voie consensuelle pour présenter son projet aux députés.
publié le 5 décembre 1997 à 15h10
(mis à jour le 5 décembre 1997 à 15h10)

Ce débat sur l'entrée et le séjour des étrangers, qu'on annonçait sauvage, s'est ouvert hier à l'Assemblée nationale dans une atmosphère raisonnable et feutrée, à peine troublée par quelques éclats de voix très convenus. Certes, ce premier jour consacré à la discussion générale du projet Chevènement n'augure pas de la sérénité des discussions à venir. Déjà, un accrochage musclé entre le ministre de l'Intérieur et son prédécesseur, Jean-Louis Debré, désormais président du groupe RPR, a témoigné de l'acharnement des députés à en découdre, tout comme le dépôt de quelque 1 700 amendements ! dont plus de 300 sont signés par des élus de gauche. Mais, exceptionnelle ou pas, cette journée a donné un premier aperçu de la stratégie, résolument consensuelle, du ministre de l'Intérieur: un cocktail de bonhomie et d'humour, une référence obsessionnelle à la République et à l'idée de la France propre à séduire les gaullistes, et une habileté certaine à déjouer la polémique.

Il a suffi des premières phrases du discours fleuve de Jean-Pierre Chevènement pour que soit donné le ton du consensus. «Parler des étrangers, c'est aussi une autre manière de parler de la France», annonce le ministre de l'Intérieur. «Sur tous ces bancs, nous nous en faisons une certaine idée qui transcende souvent, et c'est heureux, les appartenances politiques.» Et, toujours dans la même veine: «Le vrai sujet, c'est l'accès à la citoyenneté» ou «les Français sont en réalité beaucoup plus d'accord qu'ils ne pourraient