Zen, Jean-Pierre Chevènement. Le ministre de l'Intérieur a joué hier
la carte de la tranquillité lors de la reprise des débats sur le projet de loi sur l'immigration. Alors que l'opposition a d'emblée tenté de faire obstruction en demandant coup sur coup plusieurs suspensions de séances, il est resté de marbre: «Le gouvernement n'entend nullement perdre sa sérénité.» Et d'expliquer dans les couloirs: «On en a pour une semaine de travail, tous les amendements seront l'objet de discussions», répondant ainsi aux rumeurs d'une éventuelle utilisation de l'article 49.3 par le gouvernement qui permettrait d'adopter le texte sans débats et de balayer les 1750 amendements déjà déposés.
Quand, au bout d'une heure de querelles de procédure, l'examen du texte a véritablement commencé, le ministre a continué dans la même veine. Aidé par deux des ses amis du Mouvement des citoyens, les députés Michel Suchod et Georges Sarre (Paris), il s'est attaché à donner de son texte une image équilibrée, sorte de position mesurée entre les amendements de l'opposition et ceux des écologistes.
Zen, et habile. La tactique du ministre de l'Intérieur consiste à laisser s'étriper sa gauche et sa droite, tout en se posant en arbitre et en pédagogue. «Ne passionnons pas inutilement le débat», a-t-il rétorqué ainsi à Guy Hascoët (Vert, Pas-de-Calais) qui demandait, en vain, l'abrogation pure et simple des lois Pasqua-Debré pour mettre fin à «la suspicion et à la défiance à l'égard des étrangers». Soulignant que