Rue de Solférino, au siège du Parti socialiste, c'est le défilé des
prétendants. Demain, Robert Hue le communiste; aujourd'hui, Jean-Michel Baylet le radical; la semaine dernière, Jean-Luc Bennahmias le Vert; dans huit jours, Georges Sarre le citoyen chevènementiste. Toutes les familles de la «majorité plurielle» viennent discuter le bout de gras régional. Il y a matière. Les élections de mars 1998 annoncent une petite révolution: parce que, dans 80% des départements, la majorité part unie à la bataille; parce que les forteresses de la droite sont censées être prenables, au moins pour neuf d'entre elles selon les projections les plus raisonnables (voir carte). Les victoires annoncées aiguisent les appétits. Chaque composante de la majo- rité avance ses pions. Coïncidence de calendrier, la phase active des négociations entre en collision avec des débats délicats pour la majorité plurielle. Code de la nationalité version Guigou et projet Chevènement sur l'immigration (lire page suivante), avec, en prime, un grain de maïs transgénique, ont fait grincer les rouages de la gauche. Rappel à l'ordre immédiat du PS, jamais totalement défait de ses oripeaux hégémoniques: «Vous ne pouvez pas demander au PS de faire des efforts pour trouver des places sur les listes, et dire que ce qui est en question dans les débats sur la nationalité et l'immigration, c'est un problème d'éthique», a dit d'entrée le Premier secrétaire du PS, François Hollande, aux Verts qu'il recevait mercredi dernier.