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Libération

Les petits pas de Jospin en Afrique. Plaisirs, Realpolitik et diplomatie, sans marcher sur les plates-bandes de Chirac.

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publié le 20 décembre 1997 à 14h11

Dakar envoyés spéciaux

«Il y a les sentiments, et il y a la politique», a-t-il lancé en guise de toast, lors d'un dîner avec le Premier ministre marocain. Sentiment, politique: depuis son accession à Matignon, Lionel Jospin est devenu l'homme des synthèses improbables. Avec son périple africain, premier déplacement extra-européen le menant successivement au Maroc, au Sénégal et au Mali, il parachève sa mue. Mue très jospinienne: il s'agit de s'adapter aux réalités, en l'occurrence diplomatiques, sans trop brouiller son image de fidélité aux valeurs de gauche. Exercice subtil, notamment au pays de «notre ami le roi», dont Jospin s'acquitte en appliquant son habituelle recette du mille-feuille, où se superposent les diverses dimensions du voyage diplomatique: plaisir, réalisme, politique intérieure.

Louanges. D'aéroports en dîners, du grand cordon du Ouissam Alaouite remis mercredi par Hassan II aux louanges ­ «Vous êtes un chef de gouvernement plein de talent et d'inspiration, vous êtes brillant et résolu, dynamique et efficace, généreux"» ­ tressées hier par Abdou Diouf, le président sénégalais, Jospin se laisse aller aux joies des congratulations officielles. Après six intenses mois de gouvernement, la tournée africaine est aussi une occasion de se changer les idées. L'affaire Emmanuelli paraît déjà loin et, pour parfaire le tableau, Sylviane, sa femme, a rejoint jeudi soir la délégation française.

Le voyage permet aussi à Lionel Jospin, qui dispose d'un petit «réseau» perso