Son numéro de téléphone est dans l'annuaire mais Paul Néaoutyine reste le plus introuvable des leaders indépendantistes. Quand il décide de disparaître, il peut se faire invisible comme si d'anciens sortilèges l'accompagnaient encore. Sans doute est-il en train d'avancer en solitaire dans la forêt d'Amoa, de défricher son champ ou de sculpter une pièce de bois pour que la concentration du geste libère l'esprit. «J'ai besoin de faire le vide, d'être en communion avec la nature qui m'entoure.» Au creux du silence, il cherche les paroles qui, plus tard, seront entendues. «Ma manière de dire les choses ne provoque pas d'applaudissements. Après un discours, quand j'arrête de parler, les gens se posent des questions. Ils réfléchissent. Je considère que l'on applaudit toujours la peau des mots, pas leur essence... Ma principale préoccupation est d'expliquer.»
Paul Néaoutyine, leader du Palika (Parti de libération kanak), a été surnommé le «monsieur Mine» du FLNKS. L'étiquette l'agace, le dossier le passionne. A quelques mois d'un référendum qui doit décider de l'avenir de cette île où la France a planté son drapeau en 1853, le nickel est une poignée de graviers dans l'engrenage des accords de Matignon. De l'accès à cette richesse la seule du territoire les indépendantistes ont fait un préalable à la reprise d'une discussion politique que Paul Néaoutyine, lui, aurait préféré poursuivre. Jeudi, en dépit d'un accord proposé par le gouvernement, le FLNKS a maintenu des positions qui