Nouméa, envoyée spéciale.
«Rambaud nous emmerde!» Au téléphone, la voix de Marie-Françoise n'a laissé place à aucune réplique. Là-bas, de l'autre côté des montagnes, dans le village de Thio, qui survit grâce à la mine, Marie-Françoise est militante de l'Union calédonienne (UC), la principale composante du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Elle a été de tous les combats, des barrages à la prison, des affrontements avec les gendarmes mobiles à la défense des accords de Matignon. Ces derniers mois, avec d'autres, elle a bloqué les sites miniers qui appartiennent à la SLN-Eramet, dont Yves Rambaud est le PDG. «C'est lui qui nous met des bâtons dans les roues. Il croit peut-être que, si ça dure trop longtemps, Falconbridge va se lasser et renoncer à construire l'usine.» Aujourd'hui, si quelques leaders indépendantistes s'inquiètent de la réelle détermination de la société canadienne, les militants, eux, n'ont que la SNL-Eramet pour cible. «On se posera peut-être des questions plus tard, explique Marie-Françoise. Mais nous, Falconbridge, on ne les connaît pas. Ils sont associés à la SMSP, mais ils sont loin.» Les bons et les méchants. Pour les militants, auxquels on demande d'occuper le terrain pour faire plier Yves Rambaud, le combat est simple. D'un côté, la SMSP, la Société minière de la province Nord, qui porte leurs couleurs et leurs espoirs; de l'autre, la SLN-Eramet, qui, en dépit des milliers d'emplois donnés au territoire, reste une puissance qu