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Libération

L'orgueilleux ami des anti-pensée unique. Ce gaulliste a inspiré la campagne du non à Maastricht et le Chirac de 1995.

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publié le 3 janvier 1998 à 17h26

Le treizième commissaire au Plan n'est pas superstitieux, tant

mieux. Limogé de la vénérable institution créée en 1946, Henri Guaino fait mine de s'interroger sur les raisons de ce départ: «Pas assez de gauche? Incompétent? Anti-pensée unique?» En fait, il voudrait surtout que l'on retienne ça: cet Arlésien de 40 ans a été immolé sur l'autel de l'orthodoxie par un pouvoir uniforme, corseté, bridé par des hauts fonctionnaires incapables de remettre en cause les dogmes ambiants. «Tout le monde fait la même politique depuis vingt ans, c'est aberrant.» Il serait donc un incompris. Une sorte de symbole. Apologie de Thatcher. Grand, la mèche sage sur le front, l'oeil gauche à demi-fermé par un subit et désagréable décollement de la rétine, Henri Guaino n'a pas l'air d'un boutefeu. Seules ses larges mains, qui s'élèvent en moulinets avant de s'abattre sur la table, trahissent un comportement ombrageux tendance méridionale. Pourtant, il collectionne les ennemis, d'Alain Juppé à Jean-Claude Trichet, patron de la Banque de France, des inspecteurs des finances de Bercy à l'équipe Jospin. Ses amitiés ratissent tout aussi large parmi les «antis» (anti-pensée unique, anti-Maastricht il va de soi): de Philippe Séguin à Charles Pasqua, en passant par des communistes, des chevènementistes, des syndicalistes. Ces dernières mois, sur l'immense table historique de Jean Monnet, premier commissaire au Plan, Henri Guaino s'est mis à ranger méticuleusement tous les messages de soutien reçus. Gaulli