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Libération
Reportage

Les militants: «On ne peut pas se battre seuls». La participation au gouvernement est ouvertement discutée par la base. Un indice de la «mutation» en cours.

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par Jane-Lila KUMAR
publié le 5 janvier 1998 à 17h39

«La participation des communistes au gouvernement, c'est une bonne

chose, ça amène un renouveau politique. Je suis militante depuis dix ans et les choses sont en train de changer.» C'est Sonia, la vingtaine, assistante sociale en Seine-Saint-Denis, qui parle. Elle s'est même empressée d'interrompre Cécile pour faire valoir son enthousiasme. Cécile, elle, est plus mesurée, accordant à Sonia que la participation, «c'est bien pour la jeunesse, les transports», mais pensant aussi que «ce n'est pas un but en soi». A l'initiative du Parti communiste, les discussions comme celle-ci se multiplient. Depuis six mois, dans l'optique affichée d'une large démocratisation de ses pratiques, le PCF organise la tenue, à l'échelle communale, de petits forums appelés Espaces citoyens, où les militants revigorés s'emparent de micros pour la première fois. «Révolution culturelle». Dans une petite salle du centre culturel Jean-Vilar à Champigny (Val-de-Marne), ancien bastion de Georges Marchais, s'élève la voix tonitruante de Luc, portant moustache et cartable de maître auxiliaire, qui évoque Claude Allègre, le ministre de l'Education nationale: «On a notre chemin à suivre et il ne passe pas par le socialisme.» Et d'enfoncer le clou: «La participation, c'était le moindre mal, mais le moindre mal, ça fait cinquante ans qu'on en crève.» A son indignation répondent des sourires gênés. Pour les autres militants, Luc n'est pas dans le mouvement. C'est ce qu'exprime Dominique, 50 ans, professeur d'a