Arras, envoyé spécial.
Vendredi, vers 22h30, au cours d'un dîner en ville, un éminent responsable socialiste du Nord l'affirme: «J'ai eu des assurances, il n'y aura pas d'intervention policière cette nuit. C'est prévu pour la semaine prochaine.» Huit heures plus tard, à 5h30 du matin, trois cars de CRS s'arrêtent devant les Assedic d'Arras. La préfecture du Pas-de-Calais a auparavant prévenu par téléphone les chômeurs occupants: «Il a été décidé de faire intervenir les forces de l'ordre. Nous vous demandons d'évacuer les lieux.» La trentaine de chômeurs bloque alors les accès et se réfugie au fond de la pièce. Les deux vigiles employés par les Assedic depuis la mi-décembre ouvrent une première porte, mais comme ils ne possèdent pas toutes les clés, les CRS sont contraints de pénétrer dans l'enceinte avec un bélier.
Jean-Marie Honoret, le leader d'AC!, est au milieu du petit groupe de militants. Depuis quelques jours, il savait que ce moment était proche. Une dernière fois, la veille, le préfet lui avait fait savoir que l'ordre d'évacuation était imminent. Un commissaire de police s'approche de lui et tente d'obtenir une sortie sans violence: «Allez, Jean-Marie, tu peux sortir la tête haute. Tu as mené un juste combat, tu peux être fier. Mais il est temps d'arrêter.» Le militant d'AC!, rouge de colère, se maîtrise. Depuis de longues années, il s'est résolument placé en conflit avec la société. Le compromis, il ne connaît pas. «Un homme entier», selon ses amis. Il refuse la