Le ministère de l'Intérieur a un souci: plus les chiffres de la
délinquance sont précis, plus ils sont flous. Comme tous les ans, la Place Beauvau a demandé à ses services de faire remonter les statistiques des crimes et délits des régions, qui seront traitées par ordinateur avec ceux de la gendarmerie et publiées officiellement le 20 février. Des chiffres toujours discutables, mais qui constituent une base de travail a priori fiable. Malheureusement, avec les cimetières de voitures brûlées qui meublent les banlieues depuis le début de l'année, chacun s'emploie de son côté à chiffrer les violences urbaines. La section villes et banlieues de la direction centrale des renseignements généraux recense systématiquement les troubles urbains, classés en niveaux (par exemple niveau 4: attroupements hostiles et caillassages de voiture de police; 6: agressions physiques contre des policiers; 8: émeutes). Un travail remarquable qui permet une connaissance fine des violences urbaines et permet de relativiser sur le long terme les bouffées de violences. Les événements de Strasbourg, par exemple, n'ont été classés qu'au niveau 4.
Le problème, comme toujours, réside dans la collecte de l'information. Le fonctionnaire zélé ou désoeuvré des RG va recenser le moindre incident dans sa ville, incident qui passera relativement inaperçu ailleurs. Ainsi, la Seine-Maritime, selon les RG, est le département le plus touché par les troubles urbains, avec 1 409 incidents recensés l'an dernier. Plus qu