C'est un Sénat profondément apaisé qui a entamé hier l'examen du projet de réforme de la nationalité. Si les bonnes dispositions des sénateurs, qu'on a connus autrement plus nerveux sur le sujet, se confirment, ils devraient achever ce soir la discussion de ce texte. Présenté par la garde des Sceaux, Elisabeth Guigou, et adopté en novembre par les députés, le projet prévoit que les enfants nés en France de parents étrangers deviendront automatiquement Français à leur majorité et, selon le voeu des députés, dès 13 ans s'ils en font la demande.
Le 18 décembre, les sénateurs étaient dans un tout autre état, la droite exigeant un référendum sur la nationalité et la majorité, offusquée, quittant l'hémicycle en grande pompe. Hier, le débat a repris à zéro, dans un hémicycle plutôt clairsemé et avec une opposition droite-gauche active, mais civilisée.
Auteurs à la rescousse. Dans la majorité comme dans l'opposition, on a copieusement cité les bons auteurs, Renan, Rousseau, Zola, et les maîtres mots, nation, identité, intégration. La droite a exprimé son culte de la nation, et la gauche sa confiance dans l'école de la République, outil majeur de l'intégration. Comme prévu, la droite a défendu le statu quo, c'est-à-dire la loi Méhaignerie de juillet 1993 qui a instauré l'obligation d'une manifestation de volonté à la majorité pour les jeunes qui souhaitent devenir Français: «Un contrat moral entre la nation française et ceux qu'elle accueille», selon l'expression d'Hen