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Libération

«Ça ne va pas s'arrêter comme ça». A Metz, malgré les évacuations, la lutte sonne comme une résurrection.

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publié le 16 janvier 1998 à 16h17

Metz envoyé spécial

Jeudi, 3 heures du matin, Union patronale de Moselle (Upim) de Metz. Les manifestants sont encore une trentaine à occuper les lieux. Vers 21 heures, pourtant, la moitié seulement avait assuré qu'elle resterait. Mais voilà. La troupe n'arrive pas à partir malgré la fatigue, malgré la vie de famille. Lui a gardé son blouson Sernam sur le dos, elle sa petite veste droite. Il fait pourtant chaud «chez les patrons», et les CRS ne menacent même plus. Non, s'ils sont couverts, c'est parce qu'ils sont en partance, mais qu'ils n'y parviennent pas. Il y a toujours un café à boire, une discussion à entamer. Mais surtout une conviction: «Ça va continuer.» Et l'envie d'«en être».

Qu'importe qu'ils soient «crevés», «nazes», «exténués»: ils tiennent, et tiendront «tant qu'il faudra». Fiers et heureux. Comme Aurélia, 43 ans, chômeuse depuis huit ans. Pour elle, cette lutte sonne comme une résurrection. Elle somatisait, s'en voulait, «avant». Avant le 2 janvier, quand elle a rejoint le mouvement et arrêté les calmants. Et la voilà qui parle, fort, avec son accent roumain. Qui harangue les «copains»: «Il faut réveiller les esprits qui ont peur de s'exprimer. Ceux qui n'ont plus d'identité, plus de fierté. Ou les chômeurs qui ne nous rejoignent pas, de peur de perdre les quelques aides qu'ils ont.» Elle hausse encore la voix: «Avant, j'avais honte de dire que j'étais au chômage. Honte de me sentir inutile, rejetée. Je sentais la mort, chaque minute. Regardez mes cheveux: ils