Yves Bonnet a un peu perdu la main en matière de secret. Mis en examen pour complicité d'escroquerie le 28 novembre dernier dans l'affaire «Conserver 21» une molécule censée prolonger la longévité des aliments , l'ancien patron du contre-espionnage n'a pas réussi à se débarrasser discrètement de ses archives personnelles. Une douzaine de caisses lui appartenant ont été découvertes, trois jours après sa garde à vue, par un employé de la déchetterie communale de La Tour-la-Ville, près de Cherbourg. Sur place, les policiers trouvent «une multitude de papiers en attente de destruction, documents adressés ou transmis à M. Yves Bonnet». Ils remarquent «un document concernant la société Conserver faisant état du passé judiciaire de M. Bruce Allet», le fondateur du groupe. Selon le parquet de Cherbourg, ces dossiers avaient été amenés à la déchetterie une semaine avant par un ami d'Yves Bonnet.
Pour la juge Laurence Vichnievsky, l'affaire Conserver est une histoire de gendarmes et de voleurs d'un genre inhabituel. Du côté de Bruce Allet, c'est sans surprise. Plusieurs fois condamné et emprisonné, l'homme d'affaires a fondé une kyrielle de sociétés, la plupart à l'étranger, pour capter des financements 80 millions de francs environ , qui s'évaporent. Conserver 21 ne sera jamais produit à échelle industrielle. Du côté des gendarmes, c'est plus surprenant. Allet en a embauché pour assurer «sa sécurité» et pour d'autres affaires. Deux ex-gendarmes, Dominique Bacri et Pascal Mignot,