Place du Châtelet, à Paris, des ombres battent la semelle dans la
nuit pour se défendre du froid. Voitures et passants sont rares. A 6 heures du matin, hier, à Paris, les militants d'Act Up avaient rendez-vous: ils veulent réagir aux propos de Lionel Jospin, la veille, à l'Assemblée nationale. Pour la seconde fois en quinze jours, l'association de soutien aux malades du sida apporte son concours au mouvement des chômeurs. «Précarité et santé sont liées. L'AAH (allocation adulte handicapé, ndlr) est passée de 80 à 51% du Smic», déclare Philippe Mangeot, président d'Act Up. Fidèle à sa méthode, qui a d'ailleurs inspiré le mouvement des chômeurs, l'association organise un «réveille-matin». François Bayrou ou Edouard Balladur ont déjà connu ça. Cette fois, c'est Lionel Jospin qui est visé. L'opération consiste à se présenter, dès potron-minet, au bas du domicile de l'interpellé, d'actionner cornes de brume et sifflets, accompagnés de slogans. Hier, rue du Regard dans le VIe arrondissement, à la résidence privée du Premier ministre, la règle a été respectée. «Sida, chômage, Jospin, tu comprends rien!», scandent une vingtaine de personnes. Le «format»: tenir une vingtaine de minutes, avant l'arrivée de la police. Les voisins sont ravis.
Devant la Maison des ensembles, rue d'Aligre dans le XIIe arrondissement, un autre groupe avait lui aussi rendez-vous à 6 heures du matin. Formé des chômeurs et des militants AC!, il s'est dirigé vers le centre de distribution PTT de la rue Erard.