Mulhouse (Haut-Rhin), siège du PS, occupé depuis neuf nuits par les
chômeurs. Une vingtaine de militants, les plus déterminés, sont groupés autour d'une petite télé. Jospin a à peine commencé à répondre aux questions de PPDA que déjà les esprits s'échauffent: «Il n'a rien à proposer! Il est de mauvaise foi! Il nous promène! Il se fout de nous!» Jospin: «Les milliards ne sont pas à moi.» «Ils sont à nous!!!» crie une voix au fond de la salle. Jospin dit: «Je suis aux côtés des chômeurs.» Des rires. Quand Jospin propose d'indexer les minima sociaux sur le cours de la vie, la salle éclate. «1,% d'augmentation!» «Il ne donne aucune date, il dit: "On va créer des emplois. Quand? En l'an 2050? Quand on sera crevé?» La salle se vide avant même la fin du 20 heures. Commentaires: «Sa politique, sa façon de parler, c'est la droite.» Pendant que Jospin poursuit son explication, les chômeurs investissent, par surprise, l'hôtel du Parc, le plus grand hôtel de Mulhouse. «Depuis vingt ans, gauche comme droite nous serinent que la croissance va créer des emplois, s'énerve Daniel, métallo qui a pris sur ses congés pour soutenir le mouvement. Mais nos gamins, ils bouffent du bifteck, pas des promesses.» L'hôtel du Parc les reçoit sans heurt et leur sert un dîner.
Arras (Nord), Maison des associations, occupée depuis l'évacuation des Assedic. Quelques-uns sont couchés sur des lits et des matelas, l'air impassible. Jean-Marie Honoret, le leader régional d'AC!, est là, mais ne suit l'interview