Faut pas trop le chercher, Jospin. Alors, quand un jeune homme fait
irruption dans le hall de la Mutualité et hurle: «J'suis chômeur, moi" Jospin on aura ta peau!», le Premier ministre grommelle de loin: «C'est ça, mon grand, viens y voir.» Physique" La scène a tout de l'ultime soubresaut d'un mouvement que les socialistes veulent croire finissant. Ils ont repris le cours normal de leur calendrier. A deux jours de l'ouverture du débat sur l'aménagement du temps de travail à l'Assemblée, et à deux mois des régionales, ils se sont réunis ce week-end pour parler des 35 heures.
«Bougeons-nous», a lancé le Premier ministre en guise de conclusion. C'est que le mouvement des chômeurs a laissé les socialistes comme au sortir de la cellule de dégrisement. Un peu moins planants, un peu patraques, avec l'état de grâce qui s'en va, «le cocooning médiatique» expression du premier secrétaire du PS, François Hollande aussi, et le désamour à gauche qui donne quelques signes (lire page suivante). Les 35 heures, promesse phare de la campagne, doivent cicatriser un peu tout ça. C'est toujours du chômage qu'il s'agit, mais c'est une autre manière une manière plus sage, plus socialiste d'en parler. «Ne pas pouvoir répondre tout de suite ne signifie pas ne pas pouvoir chercher des réponses crédibles», a assuré le chef du gouvernement. Martine Aubry, ministre de l'Emploi en charge du dossier, est venue avec ses chiffres: 35 heures, c'est 700 000 emplois, dont 450 000 dans les entreprises