Ils étaient loyaux et solidaires, les voici rivaux et solitaires...
L'ambiance «chouette bande de copains» n'aura pas résisté à la crise des chômeurs. Depuis sa formation, en juin dernier, l'équipe de Lionel Jospin tirait une partie de sa force de son apparente cohésion: des tranches d'âge proches, des parcours politiques similaires, et le même souci de ne pas rééditer les guerres socialisto-socialistes des dernières années Mitterrand. Mais, huit mois plus tard, l'unanimisme n'est plus de mise. Les conflits latents sont devenus patents, obligeant Jospin à endosser régulièrement sa tenue de pompier volant pour éteindre les départs d'incendie.
Parmi les ministres qui appellent fréquemment à l'aide, il y a d'abord Martine Aubry, qui se plaint souvent de ses collègues. «Ne t'occupe pas de ces histoires de personnes», a récemment tenté de la rassurer le Premier ministre. C'est qu'il ne déteste pas jouer les chefs paternalistes. Dès le début, il avait demandé aux ministres les plus expérimentés de prendre soin de la novice Dominique Voynet. «Comment ça se passe, avec les autres ministres?», a-t-il vérifié auprès d'elle mi-décembre. La ministre de l'Environnement, qui s'apprêtait à s'envoler pour le sommet de Kyoto, s'est alors ouverte de ses difficultés avec Jean-Pierre Chevènement (Intérieur) ou Christian Pierret (secrétaire d'Etat à l'Industrie).
L'exercice vire même parfois à la surveillance rapprochée: début janvier, après son soutien affiché au mouvement des chômeurs, Voynet a