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Libération
Portrait

Splendeur et misères d'un courtisan

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Avocat ou diplomate, Roland Dumas était l'homme des secrets et des tractations délicates, souvent au service de François Mitterrand.
publié le 28 janvier 1998 à 17h09

Toujours parfaitement au courant des multiples rumeurs courant sur son compte, Roland Dumas n'a jamais cherché à se faire passer pour un saint. Séducteur, avocat aussi compétent que roué, homme de l'ombre, du secret et des tractations sophistiquées, fidèle en amitié à l'égard de quelques vieux complices, à commencer par François Mitterrand, certainement! Apôtre de la franchise et de la bonne foi rongé par les scrupules, propagandiste du jansénisme et adepte de la transparence, jamais! A tel point qu'il devait forcer sa nature, il y a peu de temps encore, pour trouver le ton de l'indignation lorsqu'on l'interrogeait sur toutes les bonnes fortunes féminines qu'on lui a prêtées. De molles dénégations, pour la forme, comme à regret, ponctuées d'un sourire en coin et démenties par la soudaine brillance de l'oeil" Passion de séduire. Même s'il fait office aujourd'hui, à la tête de l'institut François-Mitterrand, de grand prêtre du culte mitterrandien, ce serait une grave erreur de réduire l'ancien ministre des Affaires étrangères au simple rang de compagnon. L'ancien résistant limougeaud «monté» à Paris au lendemain de la guerre «faire le journaliste» avant de «faire l'avocat» a tout autant choisi Mitterrand dans les années 50 que Mitterrand l'a choisi. Les deux hommes avaient en commun l'ambition têtue de la province, mais aussi le goût de défier, la passion de séduire, la méfiance des appareils politiques, à moins que l'on puisse les contrôler. Il a pourtant fallu du temps avant