L'air de la rue a redonné une bouffée d'oxygène à la Ligue
communiste révolutionnaire (LCR). Des grèves de décembre 1995 à la révolte des chômeurs, des manifestations de sans-papiers aux coups d'éclat des mal-logés, les trotskistes de la LCR sont redescendus sur le pavé. A partir d'aujourd'hui à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le XIIIe Congrès de la LCR va dresser d'ici à dimanche un bilan de la contestation sociale et tenter de transformer l'essai sur le terrain politique. «Le mouvement social est orphelin d'un débouché politique», se lamente son porte-parole Alain Krivine.
Plusieurs propositions visent donc à ravaler la façade d'une organisation trentenaire, toujours en quête de maturité. La direction, dont la motion a recueilli 68% des votes, souhaite d'abord un changement de nom, en particulier pour se débarrasser de l'adjectif «communiste». «Un signe fort pour montrer que la LCR va à la rencontre du mouvement social qui ne se reconnaît pas dans l'appellation "communiste», explique l'universitaire Daniel Bensaïd, cofondateur de la LCR. Une «révolution» loin d'être acquise, puisqu'elle nécessite deux tiers des mandats et divise la direction elle-même. L'abandon de quelques oripeaux, comme l'usage des pseudos, destinés à protéger l'identité des militants d'une organisation dissoute à deux reprises, ou le remplacement des «cellules» par des sections, devrait se faire sans difficultés. La LCR pourrait aussi se doter de trois porte-parole, dont une femme. Des signes d'«ouv