Bel exercice d'équilibrisme politique. Lionel Jospin a arbitré hier
le comité interministériel sur le nucléaire. L'arrêt du réacteur mastodonte à neutrons rapides Superphénix (Isère) permet de tenir un engagement électoral vis-à-vis des Verts. Et la décision de redémarrer le vieux réacteur à neutrons rapides Phénix (Gard) ménage le lobby nucléaire. Matignon a beau jeu d'invoquer le respect de la «loi déchets» de 1991. Si le programme est cohérent en terme politique, il relève du paradoxe technique et économique. Car la filière industrielle de la surgénération (non rentable) est bien morte, et la reconversion de son prototype en outil de recherche sur l'incinération des déchets à vie longue tient du leurre (lire ci-dessous). Le reste du plan arrêté hier est du même acabit: gagner du temps. Un projet de loi sur la transparence de l'industrie nucléaire est promis pour la fin 1998 et l'annonce des sites de laboratoire souterrain est repoussée après les régionales. Lot de consolation pour Dominique Voynet: un coup de pouce pour les énergies renouvelables (solaire et éolienne) de 500 millions de francs par an à partir de 1999, soit un doublement de l'effort aujourd'hui consacré à ces types d'énergie.
Superphénix. Le décret de mise à l'arrêt définitif de Superphénix ne sera pas signé avant l'automne 1998, l'exploitant devant encore en préciser les modalités techniques. Le calendrier de la première phase de démantèlement prendra cinq ou sept ans, et commencera par le déchargement du