Menu
Libération
TRIBUNE

Etats-Unis : Les barbares

Article réservé aux abonnés
Aujourd'hui, plus de 3 000 personnes attendent dans les sinistres couloirs de la mort aux Etats-Unis.
publié le 10 février 1998 à 19h58

En octobre 1859, Victor Hugo, depuis son exil, écrivait une lettre aux Etats-Unis d'Amérique. Un nommé John Brown, qui s'était lancé dans une audacieuse opération contre l'esclavage, avait été condamné à mort avec deux de ses camarades et attendait son exécution. Par-delà les circonstances particulièrement scandaleuses dans lesquelles s'était déroulé le procès, c'est bien la peine de mort que visait une nouvelle fois l'écrivain: «J'affirme sur l'honneur que cela ne s'est pas passé en Turquie mais en Amérique. On ne fait pas ces choses-là impunément en face du monde civilisé. La conscience universelle est un oeil ouvert (") et quand on dit que cette nation est une gloire du genre humain, que comme la France, comme l'Angleterre, comme l'Allemagne, elle est un des organes de la civilisation, que souvent même elle dépasse l'Europe dans certaines audaces sublimes du progrès, qu'elle est le sommet de tout un monde, qu'elle porte sur son front l'immense lumière libre, on affirme que John Brown ne mourra pas, car on recule épouvanté devant l'idée d'un si grand crime commis par un si grand peuple. «Quant à moi, qui ne suis qu'un atome, mais qui, comme tous les hommes, ai en moi toute la conscience humaine, je m'agenouille avec larmes devant le grand drapeau étoilé du Nouveau Monde, et je supplie à mains jointes, avec un respect profond et filial, cette illustre République américaine d'aviser au salut de la loi morale universelle"»

John Brown sera exécuté le 2 décembre 1859. Ce n'est p