En dénonçant le caractère «semi-mafieux» de l'assassinat du préfet Erignac, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur, n'est pas allé chercher bien loin sa source d'inspiration. Il a en effet sur son bureau, depuis la mi-octobre 1997, une série de dossiers accompagnés d'une note confidentielle, rédigés par l'ancien préfet de police de Corse, Gérard Bougrier. Le préfet, muté depuis, proposait au ministre «une liste non exhaustive mais diversifiée des objectifs sur lesquels des investigations approfondies pourraient être opérées par les services spécialisés du ministère des Finances».
La note dresse la liste de treize dossiers considérés comme «privilégiés». Dans le secteur agricole, le préfet de police donne quatre noms de responsables de diverses organisations, «auquel il convient d'ajouter, précise le préfet Bougrier, celui de M. Lorenzoni, dont vous trouverez une présentation ci-joint». Marcel Lorenzoni a été arrêté hier, dans le cadre de l'enquête sur la mort du préfet Erignac. La note recommande ensuite de s'intéresser à deux familles «dans le domaine du banditisme», à quatre sociétés liées à des activités financières et au nationalisme, et enfin, à deux organismes bancaires. Tous les ingrédients d'un sulfureux mélange sont là pour évoquer l'ombre de la pieuvre. En apparence seulement.
En fait, l'existence d'une vraie «mafia» corse n'a jamais été démontrée. La seule implantation avérée de représentants de la mafia italienne concerne les îles Lavezzi, dans l'extrême