Lionel Jospin est entré, hier, en campagne. Pour se chauffer, il a
tombé le manteau, pris la bêche et planté, dans les jardins de Matignon, l'arbre auquel a droit tout Premier ministre. Lui a choisi un orme: «J'avais envie que ce soit un arbre qui avait pu disparaître et qui revit.» Un arbre sphinx donc, à son image, celle d'un homme qui pensait abandonner la politique en 1993 pour la diplomatie et qui, quatre ans plus tard, s'est retrouvé en vainqueur à Matignon. Jospin entend aujourd'hui continuer sur la lancée de son regain de fortune. Dans quatre semaines, les Français vont être invités à juger ses neuf premiers mois à la tête du gouvernement. Un bilan d'étape d'importance pour qui espère la «durée». Les régionales du 15 mars seront un «test national», a admis, hier, Dominique Strauss-Kahn. S'il s'est gardé de reprendre la formule, le Premier ministre l'a entérinée de facto, fournissant sans plus attendre un argumentaire de bataille à ses troupes. Immodeste. «Début satisfaisant», a-t-il asséné sur Europe 1 pour qualifier ses huit premiers mois d'exercice du pouvoir. Plaidoyer immodeste pour le chantre de la modestie en politique qui feint pour l'heure de ne songer qu'à «servir», fût-ce au risque de «s'user». Mais de la part du chef de l'orchestre rouge, vert et rose, chargé de donner le tempo pour la campagne qui démarre, on ne pouvait guère attendre plus de distance sur son ouvrage. Pour convaincre de son excellence, Jospin a récité la partition écrite depuis le 1er jui