Sous un soleil transformant le Champ de Mars en clairière estivale,
quelque cent trente mille manifestants (officiellement comptabilisés par la préfecture de police) rameutés par l'Union nationale des chasseurs de France s'étaient réunis samedi à Paris. Dans cette troupe bigarrée il y a Jean-Louis, 42 ans, magasinier dans le civil, venu spécialement de la région d'Angers pour défendre «des droits qui appartiennent au peuple». Loisir de riches, la chasse? Grâce à une association communale, Jean-Louis s'en tire à 550 francs par an, sans l'équipement.
Sanglier. A quelques mètres de lui, des représentants de la haute vénerie sont affalés sur la pelouse. Là, des hommes en tweed et knickerbockers ont lâché, au milieu de lices improvisées, une meute et un sanglier. Ce tableau vivant ravit l'avocat berrichon Henri Desmonts, fauconnier émérite sanglé dans un élégant gilet assorti aux chaussettes, ganté de cuir pour exhiber son oiseau de proie, et intarissable sur «ce sport d'intelligence entre deux esprits, comme les échecs».
Jean-Louis, le cégétiste, n'est pas de ce monde. Pour lui, la chasse remonte à des souvenirs de gosse lorsqu'il accompagnait son ouvrier de père à travers halliers et talus angevins. Pour lui, la chasse relève du «respect de la vie des gens». Il s'indigne en apprenant la présence d'une délégation FN en tête du cortège: «Comment? Ils ne les ont pas virés?» Un sentiment de rage partagé par les compagnons de Manolo, autre militant cégétiste débarqué des Landes et cha