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Libération

Contre-nature.

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publié le 16 février 1998 à 18h10

La campagne est ouverte. Elle est même montée à Paris. Au son du

fusil. 130 000 chasseurs sous la tour Eiffel pour sonner le coup d'envoi des régionales ­ date limite de dépôt des listes ce midi ­, ça fait du monde. Pas forcément du beau monde puisqu'on a vu Marie-France Stirbois, ex-députée du FN, défiler avec Maxime Gremetz, député PCF de la Somme. Cette facho et ce coco, soudain bras dessus bras dessous pour le respect de la tradition cynégétique et la défense du permis de tuer, cela prouve que chasse et pêche aux voix ne s'embarrassent décidément d'aucune pudeur. Sacrée union dont on veut croire qu'elle ne préfigure pas quelques alliances contre-nature au lendemain du 15 mars, quand il s'agira d'accommoder les résultats d'un scrutin proportionnel pour trouver des majorités présidentielles dans les conseils régionaux. Petit caporal du lepénisme, Bruno Mégret tend déjà la main.

L'échéance fatale du verdict des urnes, d'aucuns l'appréhendent déjà. Ainsi Philippe Séguin, président du toujours RPR, qui a conseillé, ce week-end, de «manier avec beaucoup de précaution» le soir du résultat la comparaison avec les régionales de 1992. «Il faudra comparer avec ce qui est comparable», a-t-il doctement professé. On comprend l'embarras du successeur d'Alain Juppé. En 1992, la droite avait emporté 20 régions sur 22, surfant sur le discrédit grandissant d'une gauche usée. En juin dernier, le discrédit a changé de camp sous l'effet de deux années d'ère Juppé. Et Séguin craint d'en être e