Amiens, Noyon, Compiègne, envoyé spécial.
Le soir du 15 mars, le Front national entend présenter l'addition à la droite picarde. Et celle-ci est de plus en plus tentée de la régler. «Il y aura un problème et il y aura deux écoles», reconnaît François-Michel Gonnot, ancien député UDF de l'Oise et vice-président de la région. Le président sortant, l'UDF Charles Baur, à la tête du conseil régional depuis douze ans, est de l'ancienne «école», celle qui délaisse l'éthique pour l'arithmétique. A la tête d'une majorité relative fragile et hétéroclite depuis 1992 22 UDF-RPR, 2 CPNT (chasseurs) et 2 écologistes sur 57 sièges , il risque fort d'être devancé par la gauche plurielle le mois prochain. Et de n'avoir, pour sauver son siège, d'autre alternative que de s'appuyer sur les élus FN.
Souplesse. A l'évocation de cette perspective, Charles Baur se tient à la ligne de conduite qu'il s'est fixée: y penser toujours, en parler jamais. «Moi, je me bats pour l'union UDF-RPR, sur mes idées, et je suis sûr que nous obtiendrons la majorité relative», répète-t-il mécaniquement, sans jamais prononcer le nom tabou de «Front national». «Il a une position très souple sur le FN et se laisse toutes les possibilités ouvertes», constate François-Michel Gonnot, élève de l'autre «école», celle pour laquelle «un compromis avec le FN serait inacceptable». Charles Baur n'a pas ces prévenances. En matière de flirt avec l'extrême droite, le plus dur, c'est toujours le premier pas. Baur l'a franchi en 19