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Libération

La justice par le bout du petit doigt. Un gardien de square poursuit un homme qui lui avait tordu l'auriculaire.

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publié le 19 février 1998 à 18h32

On parle souvent d'une justice encombrée, de juges croulant sous le nombre des dossiers. A voir certaines audiences ce n'est guère étonnant. Hier la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris a consacré une heure et demie de débats à un petit doigt tordu. L'affaire ­puisqu'il faut bien la nommer ainsi­ remonte au 10 mars 1997 à 9 heures 15. Le surveillant des jardins du Luxembourg ­dont la «mission consiste à passer dans les endroits sensibles que sont les urinoirs»­ surprend deux hommes dans la pissotière, a-t-il raconté hier à la barre. Selon lui «la main de l'un s'active sur le sexe de l'autre». Seul, il tente «d'arraisonner les deux hommes, dont l'un a le pantalon baissé». Ce dernier lui échappe, il agrippe l'autre par l'épaule. L'homme ainsi interpellé a 60 ans. Tous les jours, depuis trois ans qu'il est au chômage, il fait cinq ou six fois le tour du grand jardin. Et il nie mordicus avoir masturbé son voisin de vespasienne: «C'était un homme, sans doute SDF, qui s'est collé à moi tandis que j'urinais, il a baissé son pantalon et m'a demandé 50 francs, je ne les avais pas. Le gardien est arrivé, je suis sorti et il m'a agressé à l'épaule gauche. Il m'a fait mettre à genoux.»Le surveillant, un grand gaillard de 46 ans, confirme: «Il s'est débattu, j'ai été forcé d'être un peu brutal.» Tandis qu'il coince l'homme à terre avec ses jambes, il appelle, par talkie-walkie, ses collègues à la rescousse. Quand le surveillant se relève, il a très mal à l'auriculaire de sa mai