Il y avait un moment que la police les avait à l'oeil. Lorsque les skinheads ont claqué la porte fin 1992 des groupuscules de l'ultradroite qu'ils trouvaient un peu molle, la direction centrale des Renseignements généraux s'est bien dit qu'elle retrouverait ses néonazis tôt ou tard. C'est la gendarmerie maritime de Toulon, en liaison avec les RG, qui a mis la main dessus, en enquêtant sur une profanation de cimetière en juin 1996. Treize personnes ont été interpellées en France, une quatorzième à Londres: le coeur d'un réseau ouvertement nazi sur l'Internet, en partie inspiré du Ku Klux Klan, qui menaçait de mort Anne Sinclair, Jean-François Kahn, Simone Veil ou Patrick Gaubert, un ancien conseiller de Charles Pasqua (Libération d'hier).
1 500 correspondants. Belle enquête, qui à travers un site sur l'Internet, ElsaSS 88 (8 pour H, la 8e lettre de l'alphabet, et HH pour Heil Hitler), a permis d'isoler près de 1500 correspondants du groupe néonazi français Charlemagne Hammer Skinhead (CHS). «Je suis juif mais je me soigne au Zyklon B», proclamait le site qui s'ouvrait sur la porte d'Auschwitz- Birkenau. Après deux clics avec des mitraillettes en bruit de fond, on tombait sur une entrée réservée aux sous-hommes, une autre aux aryens. Fermé en octobre 1997 à la demande du centre Simon Wiesenthal à Paris, le site a rouvert en novembre au Canada. Il est réactualisé avec notamment un détournement de tamagotchi: le «tamagojuif», un juif palpant de l'argent et des in