Un «complot», des «ennemis» et des «persécutions»: un cocktail
indémodable pour souder l'esprit de corps des fidèles autour d'un guide érigé en martyr. Jean-Marie Le Pen avait déjà fait le coup en novembre 1995 à Carpentras, en réclamant des «excuses» pour la «machination» dont le FN se prétendait victime après la profanation du cimetière juif de la ville. Au lendemain de la clôture de son procès en correctionnelle, il a répété l'opération samedi après-midi en organisant une séance d'intense catharsis collective dans les rues de Versailles (Yvelines). Un rassemblement entièrement dévoué à sa personne qui lui permettait aussi de restaurer sur le FN une autorité contestée par l'ascension de Bruno Mégret.
Scandant «Marre, marre, marre, on en a marre!», «Les pourris en prison, justice pour le Front!», ou encore «Justice partisane, Guigou en cabane!», plusieurs milliers de militants FN, venus de toute la France, ont défilé sous la pluie pour une «protestation nationale» préparée depuis des mois. Bardé de calicots «Résistance française» ou «avec Le Pen, défendons les libertés», le cortège a déambulé jusqu'aux abords du tribunal. Là, juché sur une estrade, devant une banderole «Liberté d'expression, priorité du Front national», le chef a satisfait pendant plus d'une heure la colère de ses troupes en leur jetant en pâture une batterie d'adversaires maléfiques.
Menacé de deux ans de privation de droits civiques et de trois mois de prison avec sursis pour avoir fait le coup de poing sur