C'est humain. S'occuper des lycées, de la formation professionnelle,
des contrats de plan, brasser des millions, c'est bien. Mais aller voir par-dessus les frontières, être reçu comme un représentant de la France, signer des contrats avec un pays lointain, c'est aussi une façon, pour un président de région, d'asseoir son autorité, de jouer aux grands de ce monde. Manière de faire étalage de ses pouvoirs. Parvenus à l'âge adulte, les régions et leurs présidents ont acquis le droit de négocier avec leurs voisins européens, et avec la Commission de Bruxelles. Certains caciques régionaux n'hésitent pas à lorgner au-delà des mers. Au risque de contredire la politique étrangère décidée à l'Elysée et au Quai d'Orsay.
La crainte de voir les régions suivre une diplomatie propre n'est pas nouvelle. Le 13 juin 1987, Jacques Chirac, alors Premier ministre, s'inquiétait déjà devant 200 conseillers régionaux du RPR d'«initiatives un peu incontrôlées»: «La diplomatie est un métier. Il faut faire attention, ici ou là, qu'il n'y ait pas de bavure. Certaines régions multiplient, parce que c'est amusant, les contacts. ["] Je crie casse-cou. Cela donne à notre politique une image totalement brouillée et nous met dans une situation de faiblesse préjudiciable aux intérêts nationaux.» Pour le futur chef de l'Etat, élevé dans le respect du dogme gaulliste du «domaine réservé», les régions ne sont pas là pour relayer la diplomatie définie par l'Etat. Embarras. Sept ans plus tard, en février 1994, c'e